Une pharmacie à la ferme

Dans cette rubrique, nous vous présentons des trésors végétaux aux multiples facettes que la nature nous réserve et qui accompagnent notre quotidien. Notre vedette: l’aubépine.

Le marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanus) accompagne notre culture depuis longtemps et, comme la plupart des plantes, de manière très discrète. Provenant de la péninsule balkanique, il se répandit dans toute l’Europe à la moitié du XVI^e siècle comme arbre décoratif. Dans les parcs, il accompagne les enfants qui cueillent les marrons pour bricoler des figurines en automne et, en cas de douleurs de croissance aux genoux, la médecine populaire recommande un cataplasme avec des feuilles fraîches. On peut aussi utiliser les marrons pour les grandes quantités de lessive des vêtements des enfants, car ils contiennent beaucoup de saponines, donc des substances de type savon qui conviennent comme nettoyant naturel. Arrivés à l’âge adulte, les gens profitent de son feuillage protecteur qui offre de l’ombre dans le jardin de bière – en effet, cet arbre à racines plates est depuis toujours planté au-dessus de la cave à bière. À un âge avancé, lorsque de nouvelles maladies et de nouveaux troubles apparaissent, le marron réapparaît aussi sous la forme de comprimés contre les troubles veineux et les varices.

Promenade de la Treille (©Genève Tourisme – Paul Hegi)

Vu, toutefois, que cet arbre souffre de la chaleur et de la sécheresse, et qu’il est en tout temps exposé à des maladies, il n’est plus planté dans les villes. Il ne reste alors plus qu’à espérer que cette espèce vieille d’au moins 300 ans pourra tout de même perdurer chez nous, car il y a encore tant de belles choses à observer – comme le changement de couleur de ses fleurs ou la rotation vers la droite de son tronc. D’ailleurs, une tradition genevoise montre bien à quel point le marronnier d’Inde est ancré dans notre culture: le sautier ou la sautière du Conseil d’État et du Grand Conseil observe l’éclosion de la première feuille d’un marronnier officiel situé sur la promenade de la Treille afin d’annoncer l’arrivée du printemps.

Outre son utilisation dans les bricolages, le marron d’Inde peut être transformé en une lessive écologique et locale. Sa teneur en saponines est d’environ 10 %. Il constitue un substitut intéressant à la noix de lavage indienne. Les deux fruits poussent sur des arbres appartenant à la famille des sapindacées.

Ingrédients
5 s (env. 50 g) de poudre de marron d’Inde
1 L d’eau froide
50 ml de vinaigre de table
év. huile essentielle

Préparer la poudre de marrons d’Inde
Ramasser les marrons d’Inde et les broyer quand ils sont encore frais. S’ils sont secs, ils sont très durs et difficiles à travailler.

Il vaut mieux couper les marrons d’Inde en quatre à l’aide d’un couteau bien aiguisé avant de les broyer. On peut aussi les placer dans un torchon et les écraser à l’aide d’un marteau.
Réduire en poudre par petites quantités dans un robot ménager. (Attention à respecter la puissance de l’appareil et à éviter la surchauffe.)
Peser la poudre de marrons et la faire sécher jusqu’à ce qu’elle ne pèse plus que la moitié de son poids initial.
Lors du séchage, il faut veiller à ce qu’il y ait suffisamment d’air pour éviter la formation de moisissures. Pour ce faire, on peut tendre un chiffon en coton sur un séchoir à linge. La poudre répartie dessus peut ainsi être ventilée par le haut et par le bas. Retourner et aérer régulièrement la poudre pour optimiser le séchage.
Une fois séchée, la poudre peut être conservée plusieurs années dans un récipient étiqueté avec le contenu et la date.

Préparer la lessive

mélangez 5 s (env. 50 g) de poudre de marron d’Inde et 1 L d’eau froide au moins 1 heure (ou pendant une nuit),
passez,
ajoutez au liquide 50 ml de vinaigre de table
et ajoutez une huile essentielle selon votre goût pour parfumer la lessive.

Cette lessive liquide peut être versée dans le compartiment à lessive habituel.

Remarques:

La poudre de marrons d’Inde qui reste après le passage du liquide est compostable.
Cette lessive se conserve plusieurs jours au réfrigérateur mais ne devrait pas être trop souvent préparée à l’avance.
Elle peut également être utilisée comme produit pour laver la vaisselle ou nettoyer les vitres.

Elle exerce son métier dans le laboratoire d’une pharmacie bernoise et elle partage sa passion pour les plantes médicinales et l’art du brassage de la bière notamment dans le cadre d’ateliers dans son propre laboratoire de plantes.